FRANCE ET ITALIE EXHIBITION.
La politique a souvent tendance a occulter la réalité des rencontres internationales. La diplomatie a créé des frontiè- res que l’existence d’un passeport a permis de franchir sui- vant des conditions précises.
L’esprit qui échappe à ces contin- gences qu’il ne peut admettre, se déplace à travers le monde. Les historiens ont découvert depuis quelques années que l’on ne pouvait lier l’acte créateur à l’origine de l’artiste et ont remis en cause ces histoires nationales auxquelles les hom- mes du XIXe siècle étaient attachés pour mieux affirmer un nationalisme parfois hésitant, souvent conquérant.
Nombre d’entre eux ont établi leur réflexion sur un cadre plus large, comme Henri Focillon dans son Art d’occident qui a balayé, malgré les tendances générales, des frontières imaginaires. La Koiné romaine a été le rêve des intellectuels ne se résol- vant pas à l’étouffement territorial.
On le sait mieux encore aujourd’hui s’agissant du Moyen Age. Ce qu’il est convenu d’appeler l’Antiquité tardive relève d’une esthétique qui a été celle de l’Empire romain amplifiée sous les Carolingiens aux nouvelles conquêtes avec la Dilatatio imperii. C’est cette même unité créatrice que l’on retrouve durant une partie du XIe siècle où les grands intellectuels et les créateurs circu- laient à travers l’Europe grâce à une langue commune, grâce à une même foi.
Certes, Guillaume dit de Volpiano, Lanfranc de Pavie, et bien d’autres, ont été les liens entre le Nord et le Sud. On pourrait continuer à évoquer ces rapports constants qui aboutissent à attirer les créateurs sur les chan- tiers innovants. On s’interroge sur la présence de Giotto dans la France du Nord, Pucelle cache-t-il sous un nom francisé une origine péninsulaire ?
Simon Martini poursuit à Avignon une carrière internationale, Giovanni Pisano a saisi le génie de la sculpture gothique. Le faste de la cour des Valois a retenu l’attention de tous les princes. Il faudrait éga- lement évoquer Dante, et bien d’autres poètes saisis par la beauté de la poésie méridionale du milieu du XIVe siècle, Fouquet revint ébloui de son séjour en Italie et produit les Heures d’Etienne Chevalier qui témoignent de l’heureuse syn- thèse entre beauté des paysages héroïques du Nord et la conception nouvelle italienne.
C’est aujourd’hui un nou- veau chapitre d’une longue histoire qu’écrit Alberto Faliva et dont il nous livre les prémisses dans cette exposition chargée d’évoquer de grands architectes italiens et français : Serlio, Du Cerceau, les Dattaro.
Les liens qu’il établit aboutit à s’in- terroger sur la présence de Dattaro père au château de Madrid, hypothèse que l’analyse des œuvres crémonaises de la première moitié du XVIe siècle l’invite à formuler. Dès lors que l’on jette un regard rétrospectif, elle n’a rien d’étonnant si l’on songe à ces échanges incessants de part et d’autre des Alpes. Le musée de la Renaissance se devait d’appuyer cette étude forte de son appareil scientifique.
Elle apporte dans le domaine de l’architecture des aperçus particulièrement sug- gestifs dans la transmission des formes qui demeure souvent bien mystérieuse.
Alain Erlande Brandenburg Directeur du Musée National de la Renaissance
Status: Built
Location: Ecouen, Paris (France) and Mantua (Casa del Mantegna), and Cremona